Dans la diagonale du vide
L'idée de randonner dans le Cantal nous est venue après avoir regardé un film qui s'y déroulait. J'ai découvert cette région avec plaisir, une région très rurale aux paysages variés et très beaux, aux maisons en pierre sombre et aux toits de lauze. Des plateaux fleuris avec de nombreux troupeaux mais aussi des chevaux et des montagnes au relief escarpé. Les vaches donnent les bons fromages que nous connaissons, Salers, Cantal, Fourme d'Ambert, Bleu d'Auvergne et Saint Nectaire pour les AOP. Contrairement au Cantal, le Salers et fabriqué avec du lait provenant d'une seule ferme, dans un moule en bois et avec le lait de l'été quand les vaches sont dans les estives et mangent de l'herbe(75% de nourriture naturelle).Les veaux sont élevés en Auvergne jusqu'6-8 mois puis sont envoyés en Italie et parfois en Bretagne pour y être engraissés au maïs. Les Italiens sont grands consommateurs de cette viande mais une partie revient sur le marché français. Les chevaux aussi sont élevés pour leur viande.



Le point de départ de notre randonnée est St Flour, une commune qui se compose d'une ville haute et d'une ville basse. Une place d'armes bordée de bâtiments remarquables, le Musée d'Arts Modernes, l'ancienne Caisse d'Epargne devenue Office du Tourisme, la Cathédrale, l'Ancien Palais Episcopal devenu Mairie et des ruelles commerçantes. Nous passons la nuit dans un ancien hôtel particulier orné de magnifiques boiseries où la propriétaire, sanflouraine, n'est pas avare d'informations sur la commune.
Notre chemin commence en forêt et rejoint ensuite un plateau qui nous conduira jusqu'à Valuéjols, un petit village très calme en ce dimanche après-midi mais qui doit être animé à en juger par les services, une pharmacie, des infirmières, une agence postale, une boulangerie. Le boulanger a la gentillesse de nous apporter le repas du soir, le petit déjeuner et le pique nique pour le lendemain. Nous logeons dans une gîte rural où nous recevons la visite du gestionnaire, un éleveur qui parle volontiers de son pays et de son métier.
Le lendemain, nous traversons encore tout un plateau. Nous passons dans plusieurs enclos où paissent des vaches en prenant progressivement de l'altitude. Puis nous entamons une montée digne de la Savoie avec en point de mire le Plomb de Cantal. Arrivés en haut de cette belle montée, nous sommes récompensés par la vue prenable sur la chaine des puys. Ils se dressent fièrement devant nous semblant chacun nous inviter à les gravir. Pour l'heure, notre chemin descend vers la station de Super Lioran, la station de ski locale qui malgré de belles installations peine à être rentable et ne doit sa survie qu'aux subventions publiques. Nous sommes pourtant mi-juin, mais peu d'animation, plusieurs commerces sont fermés. La saison estivale dure peine le temps des vacances scolaires et en hiver, avec le manque de neige, la station vit au ralenti. Seul un hôtel/restaurant est ouvert le soir. Rencontre intéressante avec avec le jeune gérant très impliqué dans son métier et le développement local.



L'étape suivante est la plus sportive. Elle nous conduit en altitude. Montée ardue pour atteindre les crêtes, chemin escarpé au passage de la brèche de Roland, ascension du Puy Mary, lieu très fréquenté et emblématique. Redescente un peu longue à travers la forêt vers le gîte du Puy Mary tenu par un jeune couple très sympathique avec leur fillette de 10 ans. Nous passons une soirée très agréable avec trois autres randonneurs en regardant le soleil se coucher.
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Le lendemain, après avoir rejoint le GR sur les crêtes, nous traversons le plateau du Limon, un endroit désertique seulement occupé par des troupeaux de vaches. Les nombreux burons (fermes d'estives) nous rappellent que jusqu'à une certaine époque, les fermiers passaient tout l'été en altitude avec leurs vaches et y fabriquaient le fromage. Nous rejoignons notre gîte à Pierrebesse et là j'ai eu l'impression d'arriver dans ma famille tant l'accueil est simple et chaleureux. Nous prenons l'apéritif avec un autre couple sur la terrasse et nous dinons avec nos hôtes. Natifs du coin, ils n'ont jamais quitté leur pays et nous parlent volontiers des temps passés où ils pouvaient entre autre ramasser des grenouilles, où la neige tombait en abondance, où les fêtes de villages rassemblaient les habitants. Ils nous parlent aussi de l'économie locale, de la désertification médicale et administrative, du manque d'emplois, sans cacher leur inquiétude sur l'avenir de ce territoire qui leur est cher.
Notre dernière étape nous conduit à Condat sur des entiers humides et à travers un plateau très fleuri et très habité. Nous passons devant le château de Peyrelade, le plus ancien de la région, où de jolis cochons tout roses s'amusent dans la boue, puis traversons des villages très calmes mais à Lugarde, une terrasse de café nous invite à nous arrêter pour prendre une boisson chaude. Condat n'est plus très loin. C'est une petite ville assez jolie mais l'hôtel où nous arrivons n'a rien à voir avec les hébergements que nous avons connus jusque là et la clientèle est composée de vacanciers, pas de marcheurs.
Cette randonnée nous a permis de découvrir une très belle région, a aussi été l'occasion de goûter des spécialités locales, parfois inconnues comme le pounti et de renouer avec la saveur amère de la gentiane. La diagonale du vide, n'est pas si vide. On y fait de belles rencontres et de belles surprises nous y attendent.



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